Les méchants de Disney : pourquoi on les aime tant ?

La Méchante Reine, Cruella d’Enfer, Capitaine Crochet, Le Grand Méchant Loup, Le Seigneur des Ténèbres… qu’ont-ils en commun, à part des noms évocateurs ? Réponse : ils sont méchants parfois cruels, et en même temps, populaires et célèbres ! Topo sur ces héros atypiques, dont certains rayonnent au sein du cercle des Vilains de Disney...

Aimer un méchant, c’est grave Docteur ?

Les méchants ont la cote. Chez Disney, ils passent rapidement au statut d’anti-héros faisant jeu égal avec les gentils. Citons Emma Stone dans le rôle de l’ignoble Cruella, Loki en tête d’affiche de sa propre série Disney, le Baron Zemo, l’homme qui a brisé les Avengers, devenu un favori inattendu des fans grâce à Faucon et le soldat de l'hiver. Sans oublier le Capitaine Crochet, qui a toujours le vent en poupe auprès des enfants depuis des décennies !

Mais attention : avoir de l’empathie ou être fan d’un personnage sans scrupule, ne signifie pas que l’on soit d’accord avec lui ! Même si, au départ, le méchant n’est pas forcément sympathique, il comporte en lui des failles qui peuvent nous toucher. Des blessures qui façonnent la psychologie, les valeurs et les actions du personnage et l’amènent à mobiliser des compétences comme de l’audace et de l’ingéniosité. Oui, malheureusement tournées au service de funestes projets ! Ressentir de la compassion ou un mélange de sentiments pour un méchant, nous fait nous sentir bien, ce qui peut nous rendre aussi plus indulgent envers lui. Cela nous permet aussi d’exorciser certaines pulsions négatives.

C’est l’histoire qui met en lumière l'anti-héros…

La blancheur de Blanche-Neige contre la noirceur de la Méchante Reine. Le bien. Le mal. On pourrait en déduire que la structure des dessins animés Disney est binaire. Oui et non ! Bien sûr que les gentils sont les héros et les méchants les anti-héros, mais l’histoire elle-même est structurée pour expliquer le comportement de l’anti-héros. 

L’intention est de nous permettre de comprendre leurs actions, les « valeurs » qu’ils défendent ou les motivations profondes qui les animent ou peut-être même sympathiser avec eux, par un éclairage sur ce qu’ils peuvent imaginer. Cruella, par exemple, se heurte à la baronne Von Hellman. Leur relation justifie dans une certaine mesure les actions inévitablement immorales d’Estella devenue Cruella. Les auteurs saupoudrent stratégiquement des traits moralement vertueux qui nuancent ou « émoussent » la négativité des personnages. Pensez à Boba Fett aidant Mando à sauver Baby Yoda….

Hit parade de vrais bons méchants

Comment ne pas être envahi par un sentiment d’injustice après que Scar abandonne Simba à son sort ? Comment ne pas détester la cruelle marâtre de Cendrillon ? Kaa, le python maléfique du “Livre de la Jungle” ? Le Méchant Loup dans “Les 3 petits Cochons ? Tous possèdent un sacré curriculum vitae ! Et si on les classait du moins méchant au plus méchant ?


10/ La méchante conseillère Yzma du film "Kuzco" : Yzma et son obsession de devenir Impératrice à la place de l'Empereur ! Son acolyte Kronc, Musclor, l'empêche d'arriver à ses fins et rend l'histoire plus piquante. Mais, le but d'Yzma est bien d'éliminer Kuzco… 

9/ Le Docteur Fallicier de "La princesse et la grenouille" : le vaudou le rend très puissant. Il n'hésite pas à utiliser les forces des esprits pour parvenir à ses fins. Il donne la chair de poule, non ? 

8/ La Mère Gothel : la mère adoptive de Raiponce est un être maléfique. Elle a arraché une enfant à ses parents pour l'élever en captivité dans une tour, pour continuer de profiter de sa chevelure magique et garder sa jeunesse. On condamne !

7/ La Reine dans "Blanche-Neige" : probablement à cause d’un complexe d’infériorité (faudrait consulter), la belle-mère de Blanche-Neige est tellement jalouse de sa beauté qu'elle décide d’envoyer un chasseur lui arracher le cœur. Insatisfaite du résultat, elle se métamorphose en vieille femme pour l'empoisonner. On ne choisit pas sa belle-famille ! 

6/ Cruella d'Enfer des "101 Dalmatiens" : kidnapper 101 petits chiots pour en faire un manteau de fourrure avec le bonnet et les gants assortis... Ca fait beaucoup.

5/ Jafar du film "Aladdin" : en plus de vouloir prendre le pouvoir, le fourbe tente d'assassiner Aladdin et d'abuser de la princesse Jasmine. L'archétype de la mauvaise fréquentation...  

4/ Ursula dans "La Petite Sirène" : une sorcière cruelle, manipulatrice et très maligne qui donne des palpitations ! 

3/ Hadès le dieu des Enfers dans "Hercule". L'histoire d'Hadès est tragique : frère de Zeus on lui octroie les Enfers. C’est l'unique dieu de la mythologie grecque à ne pas posséder de temples ni de chansons dédiés à sa gloire ! Ceci explique (peut-être) cela...

2/ Le Seigneur des Ténèbres, grand méchant de Taram et le Chaudron Magique, mort-vivant à l’apparence cadavérique, il est prêt à tout pour la jouvence éternelle et conquérir le monde. Un film d’horreur pour la jeunesse, non ? 

1/ Scar dans "Le Roi Lion", l'oncle balafré de Simba, est notre médaille d'or. En plus d'avoir tué Mufasa, il répudie son neveu en lui faisant croire qu'il est la cause de la tragédie. Il a affamé le peuple des lions et n'a jamais montré la moindre compassion... Numéro 1 ex-aequo sur la ligne d’arrivée : Maléfique ! Cette créature est cruelle au possible. Sa soif de vengeance, tournée vers un bébé innocent inquiète. Sa démarche magistrale, son allure élégante et froide, son teint verdâtre, sa voix glaciale est terrible ! Walt Disney peut être fier de la méchante créée en 1959 !  

On peut bien s’amuser avec les Vilains !

Les Vilains de Disney sont aujourd'hui au nombre de 14. Il y a : Maléfique ("La Belle au bois dormant"), La Reine-Sorcière ("Blanche-Neige"), Ursula ("La Petite Sirène"), Cruella d’Enfer ("Les 101 Dalmatiens"), La Reine de Cœur ("Alice au pays des merveilles"), Mère Gothel ("Raiponce"), Madame de Trémaine ("Cendrillon"), Lucifer ("Cendrillon"), Jafar ("Aladdin"), Hadès ("Hercule"), Dr Facilier ("La Princesse et la Grenouille"), Scar ("Le Roi Lion"), Les hyènes ("Le Roi Lion") et le Capitaine Crochet ("Peter Pan"). En qualité de héros à part entière, les Vilains de Disney sont aussi les personnages principaux de nombreux jeux et jouets. Ils apportent à l’objet une dimension originale. Ils augmentent la complicité entre celui qui offre un cadeau et celui qui le reçoit, comme si celui-ci portait un message codé, comme une autorisation de transgression.

On trouve à La Grande Récré par exemple de beaux puzzles mettant en scène Cruella, Madame Tremaine, Mère Gothel ; des poupées mannequins comme Ursula, Maléfique ; des jeux de société : Labyrinthe, Monopoly, jeux de rôles Vilainous... Cette liste est bien sûr non exhaustive, il suffit de cliquer sur le moteur de recherche et se laisser guider ! 

Pour conclure...

Chaque méchant est différent d’un autre avec une graduation dans la noirceur. Ceci lui confère par projection sur le héros, un pouvoir de peur et d’attractivité chez chacun d’entre nous. Les Vilains de Disney nous font aussi prendre conscience de la porosité entre le bien et mal, le positif et le négatif et l’extrême joie que peut apporter la vie, si on la prend du bon côté… 


Jean-Marc F.